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Littérature numérique : de quoi parle-t-on ?

D’après une intervention de Juliette Mezenc à Paul Valéry III, SUFCO, formation au diplôme universitaire d’animateurs d’ateliers d’écriture, le 18 novembre 2013.

jeudi 17 avril 2014, par Marlen

Nous verrons que la littérature dite numérique, comme la littérature « traditionnelle », questionne encore le statut de l’auteur ; que sur la forme, celle du fragment s’impose ; que si l’on n’écrit qu’à partir de ce qui nous nourrit depuis l’enfance, la littérature sur le net se nourrit de manière plus objective de l’apport des autres.

Peut-être avant toute chose faut-il préciser que "littérature numérique" ne signifie pas "livres numérisés". C’est autre chose, une autre façon de concevoir le livre, en l’élaborant de telle manière que son contenu fasse référence à d’autres contenus, ou laisse accéder à différents parcours de lecture. Vous pourrez lire sur le net le livre de Juliette Mezenc, Poreuse, qui illustre forcément bien ce nouveau concept. On le trouve ici à 2,99 €, ne pas s’en priver, par conséquent ! http://www.publie.net/fr/ebook/9782814506381/poreuse

• Sur le statut de l’auteur

Beaucoup de blogs d’écrivains mêlent littérature personnelle et textes produits en ateliers d’écriture (quand les écrivains animent aussi des ateliers). Ce qui questionne le statut de l’auteur.

On pourra se référer à Roland Barthes, « La mort de l’auteur » (in Le bruissement de la langue, Editions du Seuil, 1984) ; à Marcel Proust dans son Contre Sainte- Beuve où l’auteur va à l’encontre de Sainte-Beuve lequel pensait que toute œuvre était le fruit de la vie de l’auteur. Or Proust fait le distinguo entre celui qui écrit et son personnage social : celui qui écrit est quelqu’un d’autre…

« Car écrire, c’est découvrir des pans inconnus de soi », dit Juliette Mezenc.

Cette question sur le statut de l’auteur est donc récurrente à travers l’histoire de la littérature mais devient plus aiguë avec l’apparition de la littérature numérique. « On ne sait pas où commence l’auteur et où il finit, dit Juliette Mezenc. C’est joyeux mais pas hyper rassurant ! »

Le courant post-structuraliste s’est intéressé avant tout au texte et non à l’auteur. Pourtant, un auteur, c’est quand même un corps qui écrit, dans un contexte historique et social…

• Sur le fragment

Nous voyons resurgir le phénomène des feuilletons tels qu’on les trouvait dans la presse au XIXe siècle. L’écriture sur le net se prête au fragment, au feuilleton, à la série. Les séries de Christine Jeanney sont reprises sur publie.net. Idem pour François Bon dont le livre Autobiographie des objets, paru en 2012 au Seuil, a d’abord été publié sur le net.

• Sur la contribution des lecteurs et la dissolution de l’auteur

Ce que le net souligne aussi, c’est qu’un auteur ne publie jamais seul. François Bon en fait l’expérience quand il met en ligne ses textes sur les objets, et qu’il récolte dans les commentaires, textes et images publiés par les lecteurs.

Certains sites ne portent pas le nom de l’auteur. De plus, ils se nourrissent d’un travail coopératif. Voir à ce propos le site de Anne Savelli et son travail sur les fenêtres où elle accueille un internaute-auteur qui publie ses fenêtres de Beyrouth et ses propres textes sur son site.

http://fenetresopenspace.blogspot.fr/

Quelques sites à visiter

http://christinejeanney.net/
http://l-autofictif.over-blog.com/ (blog de Eric Chevillard)
http://blog.tcrouzet.com/atelier/ (blog de Thierry Clouzet)
http://www.fabula.org/compagnon/ (blog de Antoine Compagnon)
http://petiteracine.net/wordpress/(blog de Cécile Portier)
http://dreamlands-virtual-tour.blogspot.fr/ (blog de Olivier Hodasawa)
http://www.ventscontraires.net (Jean-Daniel Magnin, chroniqueur)
http://www.tierslivre.net/ (site de François Bon)
www.atelierdebricolage.net (Atelier de création littéraire, Philippe Aigrain)
www.chloedelaume.net (pour les interrogations de C. Delaume sur son écriture)

Bibliographie

Après le livre, François Bon (sur publie.net, et au Seuil, 2011)
Apprendre l’invention, François Bon ((sur publie.net, publiepapier.fr)
Les sédiments, Virginie Gautier (sur publie.net)
http://revue-dicila.net/

A connaître aussi

Etienne Mineur
Emmanuelle Pagano
Monique Wittig (L’opoponax, entre autres)

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